Le terme dry-tooling revient fréquemment dans les discussions entre grimpeurs et alpinistes chevronnés, pourtant que cache cet anglicisme ? Pour vous répondre, quoi de mieux qu'un guide de haute montagne polyvalent et curieux des nouvelles pratiques outdoor ? Découvrez le dry-tooling avec la plume de Sébastien Laurent de Mountain Guide Adventure.
Le dry-tooling, ça veut dire quoi au juste ?
Essayons de définir le dry-tooling. Pour mieux comprendre, décomposons ce nom moderne et technique.
Dry : sec.
Tooling : action d'utiliser des outils (tools), en l'occurrence des piolets et éventuellement des crampons !
Ah ! ok… Utiliser des piolets et parfois les crampons sur du sec !
D'accord, mais quelles sont les origines du dry tooling ?
C'est une manière très moderne de décrire une pratique relativement ancienne, si j'en crois le livre de référence sur la glace, mais pas que « Glaces : arts, expériences et techniques » de Manu Ibarra et Jérôme Blanc-Gras.
Voici un peu d'histoire tiré de celui-ci:
Nos amis anglais, faisaient déjà du dry-tooling sans le savoir sur les falaises de craie de Douvres dès le XIXème siècle.
Certains n'hésitaient pas, non plus, à sortir leurs piolets pour franchir un mauvais passage sur les falaises du Pays de Galles ou de Lake District. Cette pratique était déjà pour eux une finalité et non uniquement un entraînement pour l'alpinisme. Au passage, il en va de même pour l'escalade sportive, qu'ils ont inventé dès 1870. Tout comme le métier de Guide, l'alpinisme amateur et que sais-je encore… Ça me donne la migraine! Heureusement pour les connaisseurs, l'Angleterre a aussi donné naissance à Jonny Wilkinson, qui offrira un doublet historique coupe de France, coupe d'Europe en rugby à l'équipe de Toulon. Mais je m'égare, so sorry !
Ma vision du dry-tooling
Pour ma part, mon expérience du Dry Tooling pur, en falaise, est assez limitée.
Certes, j'ai fait pas mal de voies mixtes avec des longueurs plus psychologiques que réellement difficiles. Pinocchio ou Beyond God and Evil, par exemple, restent des souvenirs mémorables.
Le Dry Tooling en montagne c'est souvent une évidence lorsque ça passe plus facilement avec les piolets et les crampons que sans! Tout comme l'avait prouvé Armand Charlet en son temps, à fontainebleau devant un bloc qu'il n'arrivait pas à franchir à main nue ou encore dans sa première ascension des aiguilles du Diable. Il utilisa dans les deux cas son piolet en coincement pour en venir à bout.
Ces dernières années ont vu fleurir en Europe des falaises de pur Dry Tooling. Déclinées des voies de mixte extrême, très en vogue dans les années 2000 avec l'avènement des compétitions d'escalade sur glace, elles se présentent avec au sans rondins de bois (pour ajouter de la frappe), naturelles ou encore totalement taillées. En France, vous pouvez les retrouver en googolisant DTS tour.
Pour ma part, je trouve qu'une très belle manière de découvrir le Dry Tooling sur plusieurs longueurs est le col de La Bataille, au dessus de Valence. J'appellerais ça plutôt du « Grass Tooling » là bas, mais je suis mauvais langue !! Les anglais parlent de Turfing, lorsqu'il s'agit de progresser sur de l'herbe et de la terre gelées. Ceci dit, on y trouve aussi des belles sections de rocher ! Ce secteur est en condition entre novembre et décembre, avant les premières grosses chutes de neige. Ensuite, la neige empêche la terre de bien geler de par son pouvoir isolant.
Ce magnifique spot a été développé, entre autres, par Manu Ibarra (encore lui) et permettra au grimpeur aguerri au terrain d'aventure (à l'alpiniste quoi), d'éprouver ses capacités d'adaptation et ses nerfs, sur un terrain entre rocher, glace, givre et herbe.
C'est très spécial ! Soit on déteste soit on devient accro !
Smoking or no Smoking ?