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Plastic Origins, la nouvelle application pour mesurer la pollution des cours d’eau

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Antoine Bruge et son application : Plastic Origins

Association incontournable pour ses diverses actions visant à protéger les océans, Surfrider ne cesse de se développer depuis sa création en 1990. 

Passion, partage et respect rythment les 2 000 bénévoles et les 13 000 adhérents qui, dans plus de 11 pays différents, travaillent chaque jour autour de 3 axes différents : le changement climatique, la pollution plastique et la qualité de l’eau. Le 20 mai dernier, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Antoine Bruge, chef de projet chez Surfrider, lors d'un événement organisé par l’OSV - Outdoor Sport Valley, acteur majeur annécien engagé dans le développement de la filière et la promotion des pratiques sportives et des territoires. 

Lors de cet événement, nous avons descendu une partie du Fier en kayak, accompagnés par les guides AN Rafting, afin de découvrir et tester l’application Plastic Origins, développée par Antoine. Intrigués et bluffés par cette nouvelle application, nous avons donc pris quelques minutes pour échanger avec lui plus longuement sur son projet. Laissez-vous embarquer au sein d’un projet tout aussi engagé que son créateur !

Bonjour Antoine, peux-tu commencer par te présenter rapidement à nos lecteurs ?

Bonjour à tous ! Je m’appelle Antoine, et j’ai rejoins Surfrider il y a maintenant 5 ans en tant que chef de projet. Avant cela, j’ai fait une école d’ingénieur spécialisée sur l’environnement plus précisément sur le traitement des eaux et des déchets. Dans le traitement de l’eau, il y a notamment le traitement des eaux usées car il y a de nombreux déchets qui circulent par les eaux pluviales. Par la suite, j’ai fait de la recherche sur les nappes phréatiques, notamment sur l’écoulement des eaux au sein des bassins versants, avant de travailler sur l’hydrobiologie et la biologie marine. Bref, j’ai un profil plutôt d’ingénieur, mais j’ai dérivé un peu dans la recherche et j’ai fini dans une association environnementale chez Surfrider. Ces thématiques se rejoignent par rapport aux sujets sur lesquels je travaille aujourd’hui.

Pourquoi avoir choisi cette association en particulier ?

Je me passionne par tous les sujets et même par tous les sports qui touchent à l’eau. Pour reprendre l’histoire complète, j’ai grandi dans le nord de la France, et on a la mer, des marais et de nombreuses rivières. Et j’étais passionné par la vie aquatique, et par les poissons. Sauf que dans le nord de la France, les eaux sont troubles et donc la première activité que j’ai commencé à faire, c’était la pêche. Je me suis donc intéressé au mode de reproduction des poissons et à leur cycle de vie et plus généralement à toutes les problématiques qui touchent les poissons, comme par exemple, les truites de mer ou les saumons qui sont censés se reproduire dans les rivières, impactées par les barrages. C’est cela qui a orienté le choix de mes études en environnement et en hydrobiologie. J’ai toujours fait de la natation, puis en grandissant, j’ai pu voyager et je me suis mis au surf…, autrement dit, j’ai toujours passé beaucoup de temps dans l’eau !

Surfrider reprend toutes les questions qui me tiennent à cœur. Cette association se concentre sur la protection des espèces marines, la protection de l’environnement, des espaces marins et fait aussi la promotion des sports de loisirs. Cela colle parfaitement avec moi. Ce que j’adore dans ce travail, c’est que je fais des choses très variées. Par exemple, Surfrider me permet également de faire de la recherche. Actuellement, je travaille sur une thèse avec d’autres chercheurs par rapport à l’algorithme d’intelligence artificielle utilisé dans mon application. Je suis également en contact avec d’autres chercheurs sur le sujet des micro-plastiques !

Quand et comment est née l’idée de Plastic Origins ?

C’est un projet que j’ai repris en arrivant dans l’association, afin de le développer.

Le projet initial, lancé en 2014, s’appelait Riverine Input. Ce programme consistait à qualifier et quantifier l’origine des déchets présents dans les océans et les cours d’eau, afin de trouver des solutions concrètes et efficaces. Les équipes se rendaient une fois par trimestre sur les 8 zones de prélèvements, dans le versant de l’Adour, pour collecter les déchets échoués et réaliser des prélèvements. En arrivant dans l’association, j’ai repris ce travail en testant de nouvelles choses, et je me suis rendu compte que la méthode la plus efficace était de réaliser des opérations de comptage à pied ou en kayak. Le but de cette nouvelle méthode est de collecter des données sur des zones plus larges, de pouvoir suivre l’évolution de la pollution et de pouvoir également comparer les cours d’eau entre eux. Ce projet est donc devenu « Plastic Origins ».

Comment a été choisi le nom du projet ?

J’ai choisi le nom du projet, en concertation avec les équipes de Surfrider, notamment les équipes de communication. Comme nous sommes présents dans 12 pays, il faut des noms qui fonctionnent dans tous les pays, et que tout le monde soit en mesure de le comprendre et de l’orthographier correctement. Ce qui n’était vraiment pas le cas avec l’ancien nom !

Combien de personnes travaillent à temps plein, au sein du projet ?

Nous sommes actuellement deux personnes à temps plein sur le projet. Je travaille avec Jennifer Poumey, qui est à Marseille. Je suis en charge, de mon côté, de la partie scientifique, avec les collectes de données. Jennifer, quant à elle, se charge de démarcher les collectivités locales, en leur proposant des solutions contre la pollution plastique.

Depuis quand l’application est-elle en fonction ?

Depuis octobre 2020. Nous avons fait plusieurs tests avant de sortir cette application. Actuellement, nous avons environ 500 personnes qui utilisent l’application ! Plastic Origins est un projet qui commence vraiment à grossir, c’est le deuxième projet le plus important au sein de Surfrider.

Plastic Origins, la nouvelle application pour mesurer la pollution des cours d'eau

Quelle est la principale difficulté que vous avez rencontrée ?

Le financement, je dirais. La plupart des développements sont faits par des bénévoles, sur leur temps libre. Sans leur aide précieuse, on ne pourrait pas avancer. Mais le budget disponible est de 30 à 40 000 euros par an, alors que nous aurions besoin de beaucoup plus pour avancer plus vite. Même si nous avons sous-traitée la création de l’application en elle-même, toute la base de données a été faite par les bénévoles.

Justement, comment avez-vous financé le projet ?

Nous avons été soutenus par l’OSV en 2019 dans le cadre du collectif Act For The Outdoors, mais également par d’autres marques du secteur outdoor, comme Salomon ou Arva, par le biais d’une campagne de crowdfunding. Cela nous a permis de développer l’application, et de la lancer ! 

Quel type de lieux est pris en compte par l’application ?

Tous les cours d’eau. Sur la carte que nous avons sur notre site, nous ne pouvons pas afficher tous les cours d’eau, nous avons donc choisi de n’afficher que les cours d’eau de classe 3, c’est-à-dire un affluent d'un affluent d’un fleuve. Mais cela ne vous empêche pas de collecter des données sur des cours d’eau plus grands (comme les fleuves) et plus petits.

Le gros plus de l’application, c’est qu’elle fonctionne dans tous les pays européens. Où que vous soyez en Europe, vous pouvez collecter des données sur la pollution plastique.

Toutes les collectes effectuées permettent de cibler les zones polluées, d’orienter les actions vers ces mêmes zones et de pouvoir suivre l’évolution de la pollution dans le temps. Sur notre carte, les cours d’eau les moins pollués apparaissent en vert, et les plus pollués apparaissent en rouge. C’est vers ceux-là que nous concentrons nos efforts.

Plastic Origins, la nouvelle application pour mesurer la pollution des cours d'eau

Avez-vous des idées d’évolution pour Plastic Origins ?

Oui ! Nous avons plusieurs pistes de développement pour le projet. Nous aimerions pouvoir travailler à l’échelle mondiale, mais aussi adapter le projets aux villes et aux plages, afin d’identifier, par exemple, les quartiers les plus pollués.

Mais pour commencer, nous devons améliorer notre algorithme de détection des déchets. Le but serait de l’embarquer directement dans les téléphones.

La version actuelle de l’algorithme a été créée grâce à un bénévole, qui a mis à notre disposition les salariés de sa startup, un jour par semaine, pour travailler sur le projet. Et nous sommes en train de travailler pour développer une version plus performante, avec Microsoft et une école d’ingénieur.

Dans les choses que nous voulons améliorer prochainement, il y a également la carte, que vous pouvez trouver sur notre site. Elle n’est, pour le moment, pas branchée sur notre base de données, ce que nous aimerions faire par la suite, afin qu’elle puisse actualiser les données en temps réel, chaque jour. Enfin, nous aimerions beaucoup pouvoir engager une nouvelle personne, à temps plein.

Est-ce que l’objectif de Plastic Origins est d’inciter les citoyens à organiser des collectes de déchets ? 

Depuis sa création, Surfrider organise des collectes de déchets. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de déchets sur les plages. C’est un peu un processus sans fin, c’est pourquoi nous avons voulu nous attaquer à l’origine de ces déchets. Les actions de Surfrider visent plus à s’attaquer à la source du problème plutôt qu'à faire des collectes. Nous voulons inciter les élus à organiser des évènements, inciter les citoyens à consommer moins de plastique à usage unique…

Initialement, Surfrider se concentre sur la protection des océans, mais nous nous sommes rendus compte qu’il fallait travailler sur les cours d’eau, si nous voulions agir efficacement sur la pollution plastique des océans. Avec Plastic Origins, nous collectons des informations utiles, qui nous permettent d’orienter nos actions et de lutter efficacement contre la pollution plastique. Ce que nous conseillons généralement à nos utilisateurs, c’est de faire une première descente en identifiant les zones où les déchets s’accumulent, avant de se rendre sur ces zones pour les collecter. Et si vous souhaitez organiser des collectes de déchets, il existe le projet Initiative Océane, au sein de Surfrider, qui met à disposition des kits, alors n’hésitez pas !

Comment communiquez-vous sur Plastic Origins ?

Nous essayons de diffuser au maximum le projet, notamment en étant très présent sur les réseaux sociaux. Faire connaître le projet est essentiel pour collecter un maximum de données sur la pollution plastique des rivières. Nous avons besoin de cela pour parler plus facilement du projet, pour interpeller les collectivités locales.

Pour le faire un peu plus connaître, nous allons d’ailleurs organiser un événement sur le Rhin, fin août, autour de 6 microaventures, avec des bivouacs, du kayak, du rafting…Le but est d’inviter des journalistes, des bénévoles Surfrider, des influenceurs, des ambassadeurs, afin de leur faire découvrir Plastic Origins et donner ainsi de la visibilité au projet. Enfin, il y a aussi des initiatives comme l’Activ’OSV, organisée par Outdoor Sport Valley, et à laquelle vous avez participé. Cela nous a permis de faire découvrir l’application à des acteurs du secteur outdoor.

Plastic Origins, la nouvelle application pour mesurer la pollution des cours d'eau

Quel est le déchet le plus insolite que tu as détecté ?

C’est une boîte de suppositoires encore pleine, datant de 1985 ! Pour la petite histoire, cela vient d’une ancienne décharge à ciel ouvert, emportée par une crue.

Lors de l'événement Activ’OSV, tu as présenté un kit microplastique. Peux-tu nous rappeler ce qu’elle contient ? 

Le kit microplastique est un kit que nous envoyons aux antennes bénévoles afin qu’ils puissent faire des échantillonnages et des analyses sur les microplastiques, à l’échelle locale. Les gens sont toujours plus concernés et impactés par ce qui se passe près de chez eux, c’est pour cela que la collecte de données à petite échelle est très importante.  

Pour cela, on leur met à disposition une grande malle avec tout le matériel nécessaire, ainsi qu’un tutoriel pour l’utiliser correctement. Ce tutoriel explique la méthode pour échantillonner et analyser les microplastiques. Pour réaliser un échantillonnage, il faut filtrer l’eau avec un filet avec des mailles de 0,3 millimètres (les microplastiques mesurant moins de 5 millimètres), avant d’analyser l’échantillon en comptant les micro-plastiques. Avant cette partie analyse, il y a une étape de digestion, qui permet d’éliminer en grande partie les matières organiques prises dans le filet. Cela est possible grâce à un produit qui ressemble à de la soude.

Plastic Origins, la nouvelle application pour mesurer la pollution des cours d'eau

Actuellement, quel travail fais-tu sur cette partie microplastique ?

Il y a eu une grande partie de recherche afin de développer la méthode d’échantillonnage. Cette méthode est inspirée des méthodes scientifiques mais nous avons dû la simplifier pour la rendre accessible aux bénévoles, demander moins de matériels et réduire les coûts d’analyse. Aujourd’hui, le travail revient surtout à former et accompagner les bénévoles.

Cette partie de ton travail sur les microplastiques fait-elle partie de Plastic Origins ?

Non, ce sont deux projets différents sur lesquels je travaille. Ce sont un peu mes deux bébés chez Surfrider. Néanmoins, la partie microplastique faisait partie du projet initial, avant que je le reprenne. J’ai décidé de l’écarter du projet pour que ce soit plus clair pour les gens : Plastic Origins se focalise uniquement sur les déchets visibles à l'œil nu.

Participes-tu à d’autres projets de l’association Surfrider ?

Je me suis investi sur d’autres projets par le passé, mais je n’ai plus le temps. Je mets toute mon énergie dans mes deux projets. Nous n’avons pas assez de temps pour s’investir sur les projets des autres tout en portant son propre projet. C’est pour cela que je me concentre maintenant uniquement sur Plastic Origins, et les microplastiques.

Comment pouvons-nous nous investir au sein de Surfrider ?

Il y a plusieurs façons de le faire. Je pense que la meilleure est de se rapprocher d’une antenne proche de chez vous. Vous pouvez en chercher une sur notre site, nous les recensons toutes. Si vous n’en avez pas, vous pouvez également créer votre antenne. Il suffit pour cela de rassembler une dizaine de personnes avec vous, afin de pouvoir monter le projet. Il faut ensuite réfléchir à des actions qui pourraient être mises en place par l’antenne. Enfin, il y a aussi des projets dans lesquels vous pouvez vous investir sans être bénévoles, c’est le cas de Plastic Origins ou des Initiatives Océane.

Et surtout, n’hésitez pas à aller sur le terrain pour collecter des données pour Plastic Origins.

Plastic Origins, la nouvelle application pour mesurer la pollution des cours d'eau

Merci beaucoup Antoine d’avoir pris le temps de discuter avec nous et de nous avoir fait découvrir Plastic Origins et Surfrider ! Pour finir, l’application est disponible sur Android et IOS, alors vous n’avez plus qu’à la télécharger, et partir explorer les cours d’eau !

 

Vous savez maintenant tout sur Plastic Origins, le projet d'Antoine Bruge avec Surfrider.  Vous avez été inspiré et vous souhaitez dorénavant agir pour l'environnement ? Contactez notre équipe directement par téléphone via notre Centre d'aide ! Nous nous ferons un plaisir de vous renseigner davantage sur les actions que nous entreprenons au quotidien afin de préserver l'environnement. 

Crédits photos (dans l'ordre d'apparition) : 

(1,2,3,4,6) ©Antoine Bruge - (5) ©Charlotte Durieux

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